Eclusière, écluse ronde d'Agde © VNF

Comment le canal fonctionne aujourd’hui ?

Le canal du Midi construit par Pierre-Paul Riquet au XVIIème siècle fonctionne toujours aujourd’hui. Bien sûr il a évolué, des améliorations ont été apportées par Vauban peu après sa construction et par d’autres tout au long des siècles jusqu’à aujourd’hui. Cette modernisation se poursuit mais l’ouvrage de Riquet perdure dans sa conception initiale avec son génial système d’alimentation en eau, son tracé sinueux et ses nombreuses écluses ! 

Voies navigables de France assure le fonctionnement du canal du Midi.

Voies navigables de France Sud-Ouest gère avec 300 agents un réseau s’étendant sur plus de 600 km de l’Atlantique à la Méditerranée, dont le canal du Midi et son système alimentaire, avec ses embranchements (canaux de Brienne, Jonction et Robine). 

Les équipes de VNF (éclusiers, agents de maintenance, techniciens, ingénieurs, agents administratifs…) permettent notamment le bon fonctionnement du canal du Midi : fonctionnement au quotidien, maintenance, gestion de la ressources en eau intégrant les différents usages.  

VNF est aujourd’hui engagé auprès de l’État au travers d’un contrat pluriannuel d'objectifs et de performance à moderniser l’infrastructure fluviale.

Voies navigables de France Sud-Ouest  

 

La gestion du système d'alimentation en eau 

Les constructions historiques dans la Montagne Noire

L’alimentation en eau du canal du Midi constitue une des prouesses technologiques de l’époque de construction du canal. Contrairement à d’autres canaux, le canal du Midi ne longe pas une rivière qui peut l’alimenter d’un bout à l’autre. Le canal du Midi est un canal à bief de partage qui nécessite un approvisionnement en eau au point le plus haut situé à cheval sur deux versants, le méditerranéen et l’atlantique. Le seuil de Naurouze, point culminant du canal, est approvisionné en eau via un système ingénieux conçu par Pierre-Paul Riquet. L’eau des rivières de la montagne Noire est déviée via des rigoles qui se déversent dans des réservoirs de stockage tels que Saint-Ferréol pour alimenter le canal du Midi.  

De nouveaux barrages alimentent le canal au XXe siècle pour des usages multiples

Au cours du XXe siècle, plusieurs nouveaux barrages ont été construits dans la Montagne Noire afin d’alimenter en eau potable les populations et d’irriguer les terres agricoles : Barrages des Cammazes, de la Galaube, de Montbel, de la Ganguise, des Monts d’Orb et la retenue de Jouarres. La construction de ces barrages a amplifié le rôle de « transport des eaux d’irrigation » du canal du Midi. 40% de l’eau transportée servent à la navigation en intégrant infiltration et évaporation. Le reste du volume total est utilisé pour d’autres usages, au premier rang desquels l’irrigation des terres agricoles. Sur le canal de la Robine, l’usage agricole représente jusqu’à 80% du volume prélevé en période estivale. La gestion hydraulique du canal prend en compte les évolutions des besoins en eau et de la disponibilité de la ressource au cours de l’année

D’autres sources d’alimentation en eau

Des prises d’eau en rivière viennent compléter le système d’alimentation de la Montagne Noire qui ne suffit pas pour tout le linéaire. Ces prises d’eau sont effectuées sur le Fresquel, l’Aude, la Cesse, l’Orb et l’Hérault. 

Une gestion hydraulique optimisée

Sur le canal des deux Mers, la gestion quotidienne de l’eau est assurée par chaque service territorial de VNF Sud-Ouest, en fonction des besoins des différents usages (navigation, irrigation, eau potable...). Dans le cadre de cette gestion, Voies navigables de France travaille en collaboration avec les autres gestionnaires : Institut des eaux de la montagne Noire (IEMN), Compagnie Bas-Rhône-Languedoc (BRL), Institution interdépartementale pour l’aménagement du barrage de Montbel, Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG), EDF. Ce travail se fait en lien avec les agences de l’eau et les services d’Etat compétents.  VNF participe également à différentes instances de gouvernance de l’eau. 

La gestion de l'eau est de plus en plus complexe à assurer à cause du changement climatique (excès de pluviométrie, déficit hydrométrique prolongé et chaleur trop importante) et des réglementations (pollution de l’eau, débits réservés, protection de la biodiversité). Cela conduit à une gestion plus économe de l’eau et à une anticipation maximale des variations hydrauliques.
Depuis les années 1990, la modernisation du système d’alimentation a permis d’optimiser sensiblement la gestion de l’eau. Par exemple, l’automatisation des vannages du système d’alimentation permet une gestion des volumes d’eau beaucoup plus fine. Des automates permettent de calculer le total des débits qui y transitent. L’objectif de ces prochaines années est de rendre l’intégralité des ouvrages contribuant à la gestion hydraulique pilotables à distance pour une meilleure gestion de la ressource en eau. 237 sites et ouvrages (écluses, prises d’eau, barrages, etc.) seront instrumentés, modernisés et mis en réseau pour pouvoir être commandés à distance et permettre ainsi une gestion plus réactive et donc plus économe de l’eau. 

Des infrastructures modernisées

La modernisation des écluses

Cette modernisation ne date pas d’hier ! Déjà à la fin des années 1990, Voies navigables de France lance un programme de mécanisation et d'électrification des écluses. Aujourd’hui aucune porte d’écluse ne fonctionne manuellement. Toutes sont équipées de moteurs : on parle d’écluses mécanisées. Depuis 2010, certaines écluses du canal du Midi sont complètement automatisées. Les plaisanciers disposent d’un pupitre de commande qui leur permet d’ouvrir et fermer les portes de l’écluse. Des agents itinérants VNF veillent au bon déroulement des opérations à distance, prêts à intervenir si besoin. L’ensemble des écluses du canal du Midi se situant entre Toulouse à Carcassonne seront d’ici quelques années automatisées et pilotées à distance. 

Le canal à l'heure du digital

Depuis une dizaine d'années, Voies navigables de France déploie les nouvelles technologies de gestion de la maintenance assistée par ordinateur pour surveiller l’état des équipements, prévenir les dysfonctionnements et gérer les pannes. Au quotidien, les personnels travaillent sur tablettes informatiques pour saisir et traiter les données, afin de bâtir des programmes annuels de maintenance préventive. L’installation de la fibre optique ou de solutions très haut débit sur la totalité des ouvrages doit être mise en œuvre pour les besoins liés à la gestion à distance. 

Des travaux pendant le chômage

Le canal du Midi est en période de chômage chaque année afin de permettre la réalisation de travaux sur l’infrastructure, pour entretenir et régénérer les ouvrages. La période de chômage a lieu de début janvier à fin février. La réalisation de certains travaux nécessite l’abaissement ou la vidanges totale de certains biefs (portion de cabal entre deux écluses) notamment les travaux de renforcement ou les diagnostics des berges. Le canal est remis en eau à l’issue de la période de chômage en utilisant l’eau des barrages-réservoirs.  

La période de chômage est suivie d’une période de reprise de la navigation dite « à la demande » pour le passage ponctuel de bateaux qui en ont besoin, suivie de la haute saison qui intervient le dernier mercredi du mois de mars, où les bateaux peuvent circuler librement sur les canaux. 

 

Travaux de dragage et nettoyage du canal du Midi par VNF

Travaux de dragage et nettoyage © VNF