Après Argens-Minervois et les villages de Roubia et Paraza, le tracé du canal du Midi fait un virage en épingle au passage du pont-canal sur le Répudre. Cet ouvrage d’art est le plus vieux pont-canal de France et le 2e du monde.
Situé à cheval sur les communes de Paraza et de Ventenac-en-Minervois, le pont-canal du Répudre est le tout 1er aqueduc navigable, ou pont-canal, de France et le 2e au monde !
La rivière Répudre, affluent de l’Aude relativement modeste, peut se gonfler brutalement et charrier des crues torrentielles. Pierre-Paul Riquet, concepteur du canal choisit de passer au-dessus grâce à un pont-canal et confie le projet à l’architecte Emmanuel de Lestang. Son principe architectural reprend la typologie « classique » d’un aqueduc, adapté aux contraintes d’une voie de navigation : largeur et profondeur de la cuvette doivent permettre le passage d’un bateau. En outre, l’aqueduc doit être suffisamment ample pour enjamber la rivière et robuste pour pouvoir en supporter la violence des crues. Avec ses 90 m de long et son arche unique, le pont-canal du Répudre présente un aspect massif par rapport aux pont-canaux construits ultérieurement. Ressemblant plus à un pont qu’à un aqueduc, il est d’abord nommé « pont du Répudre » avant d’être désigné comme « pont-canal ».
Le dessin de cet ouvrage d’art s’inspire d’un modèle italien conçu au XVe siècle sur la rivière Molgora pour le passage du canal de la Martesana. Chargé par Riquet de sa construction suivant un contrat signé le 8 septembre 1677, Emmanuel de l’Estang rencontre beaucoup de difficultés lors des travaux. En mai 1680, le pont-canal n’est toujours pas achevé quand un lourd différend financier oppose Riquet à son entrepreneur.
En juillet 1680, Riquet met Emmanuel de l’Estang en prison. Il reste 10 mois prisonnier avant qu’une transaction avec le fils ainé de Riquet (celui-ci étant décédé en octobre 1680) lui rende sa liberté, 13 jours avant le début de l’inauguration du canal.
Le 23 mai 1681, les barques du voyage inaugural empruntent le pont-canal pour la première fois. « C’est une chose extraordinaire que des bâtiments assez grands naviguent sur ce pont » écrira l’un des témoins de la fête. La prouesse technologique enchante les contemporains et tous les voyageurs venus ensuite sur le canal du Midi.
Une plaque commémorative placée en 1839 à l’initiative des héritiers de Pierre-Paul Riquet orne la façade sud du pont. Elle précise qu’il est le premier pont-canal construit sur le canal du Midi, due au génie de PP Riquet. La date 1676, gravée dans la pierre, est celle du début des réflexions.
Etant donné le coût important de cette construction, Riquet n’utilise ce procédé qu’à trois reprises, les deux autres étant pour des aqueducs de taille plus modeste (aqueduc des étangs de Marseillette et de Jouarres). Les rivières traversent alors le canal par des chaussées.
A la demande de Louis XIV, Vauban inspecte le canal et préconise des travaux sur le canal pour améliorer l’œuvre de Riquet et résoudre notamment les problèmes d’ensablement causés par les rivières qui se déversent dans le canal.
Le pont-canal du Répudre, ouvrage pionnier, sert de modèle à Vauban qui va préconiser la construction de 60 aqueducs. 49 seront finalement édifiés dont ceux de l’Orbiel et de la Cesse, les deux plus grand du canal du Midi au XVIIe et XVIIIe siècle.
À voir
Les charmants villages alentours de Paraza et Ventenac-en-Minervois peuvent être des haltes agréables pour se restaurer ou se promener avec au programme artistes à Paraza et dégustation de vins au château de Ventenac.
Un site géré par Voies navigables de France en lien avec les membres de l’Entente
pour le canal du Midi et leurs opérateurs touristiques